39. Les grandes forces irrésistibles

3.12.

Vaine tentative d’ascension au temple.

– Montée par lévitation.

– Allocution du Maître Pouridji.

– A.U.M.

– La pure lumière blanche.

– La conception immaculée

Le lendemain matin à quatre heures, la voix forte et claire du chela nous réveilla. Il chantait : « La nature s’éveille. Les enfants de la nature doivent s’éveiller de même. L’aurore d’un nouveau matin vient d’apparaître. La liberté du jour vous attend. A.U.M. »

Nous nous approchâmes du rebord où le sommet du poteau s’appuyait la veille. À notre grande surprise, le poteau avait été remplacé par un escalier bien construit. En le descendant, nous nous demandâmes si nous n’avions pas rêvé. Le chela vint à notre rencontre au bas des marches et dit : Non, vous n’avez pas rêvé.

C’est le Maître Pouridji qui a rêvé l’escalier la nuit dernière et l’a placé ici pour la commodité générale. Voici donc un rêve devenu réalité. Pendant les quinze jours que nous passâmes dans cette région, nous eûmes tous les jours à manger des aliments chauds et nourrissants sans jamais voir personne les préparer, et cependant nous fûmes servis abondamment.

Le chela et un de ses compagnons entamèrent l’ascension de Pora-tat-Sanga Le chemin commençait par des marches taillées dans le roc. Il fallait ensuite passer sur des planches qui reliaient entre elles les parois de fissures rocheuses formant autant de précipices béants sous les pieds des marcheurs. 

À d’autres passages, il fallait s’aider de cordes dont l’extrémité supérieure était fixée dans des anfractuosités. Au bout de deux heures, les grimpeurs n’avaient pas pu dépasser le second rebord situé cent soixante-quinze mètres plus haut que leur point de départ. Ils constatèrent alors qu’ils allaient être obligés de renoncer à l’ascension.

Les voyant perplexes et connaissant la difficulté de leur position, Le Yogi Santi leur cria : « Pourquoi ne descendez-vous pas ? » Le chela répondit : « Nous essayons bien, mais les rochers ne veulent pas nous lâcher. » Il passait par l’expérience bien connue qu’il est plus facile d’escalader une paroi rocheuse presque lisse que de la descendre. Alors le Yogi plaisanta : « Eh bien, pourquoi ne resteriez-vous pas là ? Nous reviendrons demain avec des vivres, et peut-être pourrez-vous grimper jusqu’au sommet. » 

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Il invita ensuite les deux grimpeurs à rester parfaitement calmes et les guida soigneusement pendant trois heures pour leur permettre de redescendre. Quand ils nous eurent enfin rejoints, le Yogi murmura avec un sourire : « C’est ainsi que se dissipe l’enthousiasme de la jeunesse. » Les jeunes gens jetaient vers le sommet des coups d’œil pleins de désir. Ils dirent : « Si le Maître Pouridji reste là-haut, nous aurons probablement la malchance de ne pas le voir. L’ascension est trop difficile pour nous. »

Le Yogi répondit : « Ne vous inquiétez pas. Un plus grand que nous s’occupera de cela. Maintenant reposez-vous, vous avez pris un excellent départ. »

Nous nous demandions avec émerveillement comment on avait pu bâtir un temple situé comme Pora-tat-Sanga. De nombreuses voix demandèrent quand nous pourrions voir le Grand Maître. Le Yogi répondit : « Ce soir. » En effet, le Maître Pouridji vint s’entretenir avec nous pendant le repas du soir. On fit allusion à l’échec de la tentative de grimper.

Le Maître dit que les deux hommes avaient réussi l’ascension à cause de la deuxième tentative qu’ils avaient faite en pensée. Le lendemain après-midi à quatre heures nous nous réunîmes tous dans l’amphithéâtre rocheux situé au-dessous du temple. Le Yogi Santi était assis en extase. Trois hommes allèrent à une grosse pierre plate et s’y assirent en position de prière.

Très peu de temps après la pierre s’éleva dans les airs et les porta jusqu’au temple. Alors le Yogi Santi dit au chela et à deux autres : « Êtes-vous prêts ? » Ils répondirent oui avec empressement et s’assirent sur le rocher à ses côtés.

Le rocher commença immédiatement sa lévitation et les transporta sur la terrasse du temple. Puis on nous invita à nous tenir en groupe. Tout le monde se leva. Ceux qui étaient déjà au temple s’avancèrent au bord de la terrasse et commencèrent à chanter A.U.M.

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, nous nous trouvâmes à notre tour sur la terrasse. Il n’avait fallu que quelques instants pour nous rassembler tous au temple le plus élevé du monde.

Quand nous fûmes assis, le Maître Pouridji prit la parole et dit : Beaucoup d’entre vous n’ont jamais assisté à des phénomènes de lévitation corporelle et les trouvent miraculeux. Permettez-moi de dire qu’ils ne comportent aucun miracle. Ils résultent d’un pouvoir qui appartient à l’homme. Nous en tenons la connaissance de l’antique Yoga. Beaucoup se sont servis de ce pouvoir dans le passé sans qu’on l’ait considéré comme miraculeux.

Gautama Bouddha a visité bien des endroits éloignés au moyen de la lévitation de son corps physique : J’ai vu des milliers de gens parvenir au même résultat. Il est des manifestations de pouvoir bien supérieures à celles que vous allez voir. Elles prouvent l’existence d’une grande force irrésistible.

Pour peu que l’on en ait acquis la maîtrise complète, on peut se servir d’elle pour déplacer des montagnes. Vous louez la liberté, vous chantez l’absence de crainte. Mais à moins d’avoir oublié l’esclavage, de l’avoir pardonné, vous ne vous le rappelez que trop bien, et c’est la liberté que vous avez oubliée.

Un système de Yoga pur est un message de liberté au monde entier. Permettez que je vous explique le mot A.U.M. On emploie aussi la forme abrégée O.M., mais la forme correcte en hindoustani est A.U.M. Nous considérerons donc le mot sous cette lumière. A est un son guttural. En le prononçant, vous remarquerez qu’il part de la gorge. Pour prononcer OU, il faut projeter les lèvres en avant. Enfin vous noterez que le son M se forme en fermant les lèvres, ce qui cause une résonance semblable au bourdonnement d’une abeille. Le mot sacré A.U.M. embrasse donc toute l’étendue vocale. Tous les sons y sont inclus. Il est basique et infini.

L’univers de ses expressions inclut tous les noms et toutes les formes. Nous savons que toutes les formes sont périssables, mais la réalité concrète, antérieure à toute forme et dénommée Esprit, est impérissable. C’est pourquoi nous la désignons par le mot A.U.M.

Les Sadhous instruisent leurs élèves en leur disant « Tattomamuasi ». Quand, à la suite de profondes méditations et selon la vérité absolue, l’étudiant a compris, il répond simplement : « Su-ham. » Le maître dit alors à l’élève : « Tu es Dieu », et l’élève répond : « Je le suis, Su-ham. »

Approfondissons les réponses de l’élève quand il a compris sa divinité « Su-ham ». Le mot comprend deux consonnes S et H, et trois voyelles A, U, plus l’M qui est un intermédiaire syllabique. On ne peut pas prononcer les consonnes sans les joindre aux voyelles. Dans le domaine des sons, les consonnes représentent ce qui est périssable, et les voyelles l’impérissable. S et H périssent donc, et A.U.M. subsistent, formant l’AUM, l’Éternel. 

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O chercheurs de vérité, AUM est le grand Dieu. Les sages atteignent leur but grâce au soutien d’AUM.

Celui qui contemple l’A contemple Dieu dans la phase vigilante.

Celui qui médite sur l’U, phase médiatrice, jette des coups d’œil sur le monde intérieur et appartient à l’Esprit.

Celui qui médite sur l’M perçoit sa propre divinité, reçoit l’illumination, et jouit immédiatement de la liberté.

La méditation sur A.U.M., le Moi supérieur, inclut tout. Je regarde au loin, dans le grand cosmos de lumière blanche. J’y vois un homme drapé dans une simple robe de la plus pure lumière blanche. Sa silhouette irradie la bienveillance de la lumière pure. Tout autour de lui résonne une voix qui dit : « Tu existes au siècle des siècles. » Il approche de plus près.

La voix dit encore : « Ce jour et cette heure te sont donnés avec la prêtrise de toute l’humanité qui n’a ni commencement ni fin. » Les émanations de pure lumière blanche convergent vers lui. Il est le foyer qui montre à tous les hommes leur origine divine. Il ne symbolise ni un ordre ni une fraternité, mais l’humanité dans sa pureté originelle avant le commencement d’une fraternité.

Il n’a pas encore parlé, car tout cela se passe bien avant que la Terre ait pris forme de nébuleuse, réclamé une orbite, et attiré vers elle ce qui lui appartient.

Il est la projection de la première forme humaine qui doit se présenter avec la pleine maîtrise de toutes les forces qui vont commencer à réunir les atomes de la nébuleuse terrestre pour leur donner forme. Écoutez. La voix qui l’entoure parle. Elle ordonne : « Que la lumière soit. » Les éblouissants rayons blancs jaillissent. La forme humaine les concentre en un foyer. La nébuleuse terrestre surgit, et le foyer constitue son soleil central.

Tandis que ce noyau central rassemble ses atomes, ceux-ci se chargent davantage de lumière. La forme qui concentre les rayons lumineux agit selon des directives conscientes. Maintenant la forme parle, et nous entendons ses paroles. Elles sont tracées en lettres de pure lumière dorée. Je peux les lire.

Les voici : Je viens du grand Cosmos de lumière pour veiller sur toi, ô Terre. Attire vers toi tes particules. Projette en chacune la lumière de la vie éternelle, la Lumière qui vient du grand Principe de Vie, du Père, de l’émanation de toute vie. Je te déclare que « JE SUIS ». Maintenant, je vois la forme faire des signes. D’autres formes l’accompagnent, et du milieu d’elles quelqu’un parle et dit : « Qui est le Bien-Aimé né du Père, la Lumière du Cosmos ? »

La voix d’alentour se fait à nouveau entendre en un murmure et répond : « C’est moi-même ayant pris forme pour dominer, car je dispose du pouvoir, et mon règne se manifeste à travers moi. »

Voici, c’est le Krishna, le Christos, le Christ, tous trois en UN. La forme répond à son tour : « JE SUIS, ET VOUS ÊTES TOUS CE QUE JE SUIS. » La voix d’alentour reprend : « Regardez au-delà de moi, la voix de Dieu parle par moi. JE SUIS Dieu et vous êtes Dieu. Toute âme dans sa pureté originelle est Dieu. »

Les veilleurs assis en silence entendent la voix qui parle au travers de la forme et dit : « Voici, l’homme est Dieu. Le Christ de Dieu sort à nouveau du grand Cosmos. » Tout ceci ne comporte ni sentimentalisme ni infatuation.

C’est une vision claire et calme de l’homme issu de Dieu, avec ses pleins pouvoirs et sa maîtrise, la maîtrise appartenant à toute l’humanité et d’où nul n’est exclu. Conditionnant la forme, il y a les émanations de l’éblouissante lumière blanche, pure comme le cristal. L’homme en est issu et formé. Il est donc PURE LUMIÈRE BLANCHE. Celle-ci est la vie de Dieu, et ses rayons ne se manifestent qu’à travers l’homme.

Tandis que nous fixons notre idéal, que notre contemplation en fait un foyer, la vision prend vie, se présente, se rapproche de plus en plus, s’unit enfin avec la forme. Le résultat de la fusion, c’est nous.

Nous devenons CELA et nous pouvons dire à toute l’humanité : « JE SUIS TOI-MÊME exprimant Dieu. » Quand une vraie mère voit cela à l’époque de la conception, l’immaculée conception se produit. Alors il n’y a plus de nouvelle naissance pour l’enfant. Tel est le rôle de la femme dans sa plénitude humaine. Ce rôle est Dieu, la véritable divinité des hommes. C’est l’Atma, l’inclusion de l’âme dans l’homme et la femme. Le véritable royaume de la femme cœxiste avec l’image, il est coordonné avec elle.

Le Fils Unique réunit l’idéal masculin et l’idéal féminin. Ensemble, ils forment Darupati, la fierté de la mère, l’idéal de la femme, l’étincelle humaine éternelle présentée comme sauveur et compagnon. Vus en perspective, ils paraissent séparés l’un de l’autre, mais dans l’ensemble du grand plan cosmique, ils sont indissolubles.

La femme, dans sa pleine maîtrise, offre son corps sur l’autel de la naissance en le destinant à nourrir l’enfant, à présenter l’enfant-Christ au monde. Telle est la véritable conception provenant de l’Immaculé. Quand elle est effectuée de manière vraiment sainte en pensée, en paroles, et en actions, l’enfant n’est ni conçu dans le péché ni né pour l’iniquité.

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Il est pur, sacré, saint, conçu de Dieu, né de Dieu. Il est l’image, le Christ de Dieu. Un tel enfant ne passe pas par le processus des vies successives.

Seules les pensées physiques font qu’un enfant naît dans le monde physique et se trouve obligé d’endosser les pensées physiques de péché et de discorde de ses parents. C’est la seule raison qui rend nécessaire une nouvelle naissance.

Quand la femme permet au Christ de s’extérioriser, non seulement elle est le Christ, mais l’enfant est le Christ et ressemble à Jésus. Elle voit alors le Christ de Dieu face à face. Quand l’épouse réunissant les principes mâle et femelle envoie son véritable appel, son corps immaculé est prêt pour cette chose immaculée : la conception de l’enfant Christ, destiné à être présenté au monde. Le corps destiné à la femme a été préparé et moulé bien avant que le monde ait pris forme.

Le Maître Pouridji cessa de parler et nous invita à l’accompagner à un grand souterrain où de nombreux Yogis étaient assis en extase.

Nous vécûmes dans le temple et dans ce souterrain pendant neuf jours. Beaucoup de Yogis ont vécu là pendant des années, et quand ils quittent cette solitude, ils accomplissent de merveilleux travaux au milieu de leur peuple.

Extrait du livre « La vie des maîtres » de Baird Thomas Spalding page 342  à 346.

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