14. ☼~~☼La Mongolie tibétaine ☼~~☼Vers les monastères et temples du Tibet

Buddha Shakyamuni 

Nous poursuivons ce voyage dans le Tsaïdam avec G.T. Tsybikov à la fin du mois de mai 1900 où des anecdotes nous attendent mais aussi des lieux particuliers.

Le voici à l’Est de Nomkhon Khot lorsqu’ils aperçoivent un forteresse édifiée au XVIIIème siècle lors d’évènements au Tibet Central et dans le Kokonor.

Les parties en bois des constructions sont restées intactes jusqu’à nos jours. Les personnes vivant là racontent qu’il s’agit de restes d’une ville appellée Khan Sharyngol où batailla une célèbre personnage Gesar.

Fresque représentant Gesar
Epopée du roi Gesar ( File:Gesar Gruschke.jpg
Création : Photo: 2003, erstmals veröffentlich im Frühjahr 2004 )

Le nom Gesar aurait pour origine le titre romain de Caesar  ou le turc kaisar, qui signifie « roi », « empereur », « souverain ». Si cette étymologie est exacte, ce titre ne lui aurait été attribué qu’après un certain nombre de conquêtes sur des territoires turcs et perses. Selon Sogyal Rinpoche la signification de ce mot tibétain « guesar » est : Indomptable.

Pas loin d’où ils se trouvaient les voyageurs virent une maison de briques crues avec une grande porte où pouvaient rentrer des chevaux.

Cette bâtisse possédait comme toit une coupole en terre en partie effondrée et c’est là que vivait un sorcier : un tarnich ou diseur de tarni (tarni vient du mot sanskrit dharani qui lui ne signifie pas réellement sorcier mais diseur de formules incantatoires ou conjurations issus du bouddhisme tibétain).

Une dharani ( dhāraṇī) est une formule de puissance magique semblable au mantra. Ces deux termes peuvent même être synonymes, bien qu’ils soient souvent utilisés dans des contextes différents, une dhāraṇī pouvant être dénué d’intention spirituelle et confiner à la simple sorcellerie.

Tout comme dharma, le mot dhāraṇī provient de la racine sanskrite dhar qui signifie porter ou tenir.

Dharaṇī est le nom de la terre en tant que déité.

Avec une diacritique il s’agit du féminin de dhāraṇa qui est l’art de la mnémotechnique.

En ce premier sens, non-problématique, dhāraṇī est une formule de mémoire par laquelle on peut retenir de longs textes, un mnémonique ; il peut aussi s’agir d’un résumé versifié à la fin d’un texte, appelé simplement « gatha », verset.

Le Bouddha  Gautama Shakyamuni en samadhi.

On voit l’ArhatAnanda  à l’arrière-plan. On doit à sa mémoire exceptionnelle une bonne partie du canonpali  exposant les premiers enseignements.

Le swastika  sur la poitrine du Bouddha est un symbole universel de bon augure, représentant ici l’inépuisable compassion des Éveillés.

Dans une culture essentiellement orale, on devine aisément l’importance des techniques mnémoniques.

Ainsi, Ananda, intendant personnel et cousin de Bouddha Shākyamouni, était doué d’une grande érudition et d’une excellente mémoire, mais était aussi dit doté des dharanis.

Après que Mahakashyapa, le successeur de Bouddha, lui ait enjoint d’intensifier sa pratique, Ananda atteint enfin l’état d’Arhat, et put dès lors participer à l’établissement du canon lors du premier concile bouddhique.  Il sut réciter tous les discours qu’il avait entendu le bouddha prononcer.

C’est vraisemblablement à partir de cette acception mnémonique que s’est opéré un glissement de sens vers la magie: Le mnémonique, en condensant l’essentiel d’une instruction ou d’un enseignement, semble doué d’une efficacité mystérieuse aisément réorientée vers le surnaturel. Quoi qu’il en soit la dhāranī en vient à signifier la formule magique, particulièrement de protection, tout comme son équivalent, le mantra.

En règle générale un mantra est plus concis qu’une dhāraṇī, qu’on peut aussi traduire par invocation, comme dans le sûtra  La dhāraṇī de la grande compassion d’Avalokiteshvara , ou encore par hymne:

« Une dhāraṇī est un mantra étendu, une séquence rythmique de sons qui exprime, à travers ses vibrations spirituelles uniques, la vérité essentielle transcendant toute dualité. Le pouvoir qu’a une telle formule d’évoquer des forces invisibles lorsqu’elle est chantée avec un cœur sincère dépend, dans une certaine mesure, du son lui-même, mais encore plus de l’état d’esprit du chanteur. Ainsi une dhāraṇī aura-t-elle une plus grande puissance si elle est proférée par un être d’une foi pure, l’esprit concentré, et le cœur ouvert. »

Le 28 mai 1900, Tsybikov parcoure avec son équipage une route de 20 kms et se sont arrêtés dans un lieu appelé Tenkhleg.

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