16. ISSA déjà poursuivi en Indes

Les prêtres blancs et les guerriers, ayant connu le discours qu’Issa adressait aux Soudras, (soit « Shudra » ( शूद्र (śūdra) en sanskrit, « serviteur ») sont, dans le système des castes indiennes, un des quatre varnas.  Ils exercent principalement des activités agricoles et artisanales, et se situent hiérarchiquement en dessous des trois autres varnas, qui constituent les deux fois nés soit les dvija. Ils s’apparentent aux serfs européens du Moyen Âge.
Selon Louis Dumont, les trois premières castes apparaissent dans les premiers livres du Rig-Véda mais les shudra seulement dans un hymne tardif ; ils pourraient être des aborigènes intégrés dans la société sous forme de servitude.
Les enfants de brâhmanes sont considérés comme Shudra tant qu’ils n’ont pas assimilé les textes sacrés, reçu l’initiation védique, qui permet d’être dvija, « deux fois né ».
Selon la tradition hindoue, la qualité principale du Shudra est le dévouement. résolurent sa mort et envoyèrent à cet effet leurs domestiques pour rechercher le jeune prophète.

Mais Issa, averti du danger par les Soudras, quitta nuitamment les environs de Djagguernat, gagna la montagne et se fixa dans le pays des Gaoutamides où avait vu le jour le grand bouddha Çakya-Mouni, au milieu du peuple qui adorait l’unique et sublime Brahma.

Après avoir appris dans la perfection la langue pali, le juste Issa s’adonna à l’étude des rouleaux sacrés de Soutras. Six ans après, Issa que le Bouddha avait élu pour répandre sa parole sainte, savait expliquer parfaitement les rouleaux sacrés.

Alors il quitta Népal et les monts Himalaya, descendit dans la vallée de Radjipoutan et se dirigea vers l’ouest en prêchant à des peuples divers la suprême perfection de l’homme.

Et le bien qu’il faut faire à son prochain, ce qui est le moyen le plus sûr pour s’anéantir rapidement dans l’éternel Esprit ; « Celui qui aurait recouvré sa pureté primitive, disait Issa, mourrait, ayant obtenu le pardon de ses fautes et aurait le droit de contempler la majestueuse figure de Dieu. »

En traversant des territoires païens, le divin Issa enseigna que l’adoration de dieux visibles était contraire à la loi naturelle « Car l’homme, disait-il, n’avait pas eu en partage le don de voir l’image de Dieu et de construire toute une foule de divinités à la ressemblance de l’Éternel. »

« En outre, il est incompatible avec la conscience humaine de faire moins de cas de la grandeur de la pureté divine que d’animaux ou d’ouvrages exécutés de main d’homme, en pierre ou en métal. ».

« L’Éternel législateur est un ; il n’y a pas d’autres dieux que lui ; il n’a partagé le monde avec personne, ni entretenu personne de ses intentions. »

« De même qu’un père agirait envers ses enfants, de même Dieu jugera les hommes, après leur mort, d’après ses lois miséricordieuses ; jamais il n’humiliera son enfant en faisant émigrer son âme, comme en un purgatoire, dans le corps d’une bête. »

« La loi céleste, disait le Créateur, par la bouche d’Issa, répugne à l’immolation de sacrifices humains à une statue ou à un animal ; car, Moi, j’ai sacrifié à l’homme tous les animaux et tout ce que renferme le monde. »

« Tout a été sacrifié à l’homme, qui se trouve m’être directement et intimement lié, à Moi son Père ; aussi celui-là sera-t-il sévèrement jugé et châtié par la loi divine qui M’aura ravi Mon enfant. »

« L’homme est nul devant le Juge éternel, au même titre que l’animal l’est devant l’homme. »

« C’est pourquoi je vous le dis, quittez vos idoles et n’accomplissez pas de cérémonies qui vous séparent de votre père et vous lient à des prêtres dont le ciel s’est détourné. »

« Car ce sont eux qui vous ont écartés du vrai Dieu et dont les superstitions et la cruauté vous conduisent à la perversion de l’esprit et à la perte de tout sens moral. »

Les paroles d’Issa s’étaient répandues parmi les païens au milieu des pays qu’il traversait, et les habitants délaissaient leurs idoles.

Ce que voyant, les prêtres exigèrent de celui qui glorifiait le nom du Dieu vrai les preuves, en présence du peuple, des blâmes qu’il leur infligeait et la démonstration du néant des idoles.

Et Issa leur répondit : « Si vos idoles et vos animaux sont puissants et possèdent réellement un pouvoir surnaturel, eh bien ! qu’ils me foudroient sur la place ! »

« Fais donc un miracle, lui répliquèrent les prêtres, et que ton Dieu confonde les nôtres, s’ils lui inspirent du dégoût ! »

Mais alors Issa : « Les miracles de notre Dieu ont commencé à se produire depuis le premier jour où l’univers fut créé ; ils ont lieu chaque jour, à chaque instant ; quiconque ne les voit pas est privé d’un des plus beaux dons de la vie. »

« Et ce n’est pas contre des morceaux de pierre, de métal ou de bois, complètement inanimés, que la colère de Dieu se donnera libre carrière, mais elle retombera sur les hommes, à qui il faudrait détruire, pour faire leur salut, toutes les idoles qu’ils ont confectionnées. (Il semble qu’ici, Issa, est-ce une déformation de ses propos ?… intervienne de façon extrême car de nature extrêmement miséricordieux, il sait les divers degrés de perfection, les saintetés, les anges et autres êtres divins qui parcourents les différents mondes. Espérons que ces paroles ne soient pas une erreur tout simplement de traduction au minimum).

« De même qu’une pierre et un grain de sable, nuls comme ils le sont auprès de l’homme, attendent avec résignation le moment où l’homme les prendra pour en faire quelque chose d’utile, » « De même, l’homme doit attendre la grande faveur que lui accordera Dieu en l’honorant d’une décision. »

« Mais, malheur sur vous, adversaires des hommes, si ce n’est pas une faveur que vous attendez, mais bien le courroux de la Divinité, malheur sur vous si vous attendez qu’elle atteste sa puissance par des miracles ! » « Car ce ne sont pas les idoles qu’il anéantira dans sa colère, mais ceux qui les auront érigées ; leurs cœurs seront la proie d’un feu éternel et leurs corps lacérés iront assouvir l’appétit des bêtes fauves. »

« Dieu chassera les animaux contaminés de ses troupeaux, mais il reprendra à lui ceux qui se seront égarés pour avoir méconnu la parcelle céleste qui habitait en eux. »

Voyant l’impuissance de leurs prêtres, les païens ajoutèrent foi aux paroles d’Issa, et, de crainte du courroux de la Divinité, mirent en pièces leurs idoles ; quant aux prêtres, ils s’enfuirent pour échapper à la vengeance populaire.

Et Issa apprenait encore aux païens à ne pas s’efforcer à voir de leurs propres yeux l’Esprit éternel, mais à tâcher de le sentir par le cœur, et, par une âme véritablement pure, à se rendre dignes de ses faveurs.

« Non seulement, leur disait-il, ne consommez pas de sacrifices humains, mais, en général, n’immolez aucun animal auquel la vie a été donnée, car tout ce qui a été créé l’a été au profit de l’homme. »

« Ne dérobez pas le bien d’autrui, car ce serait enlever à son prochain les objets qu’il s’est acquis à la sueur de son front. »

« Ne trompez personne, afin de ne pas être trompé vous-même ; tâchez de vous justifier avant le jugement dernier, car alors ce sera trop tard. »

« Ne vous adonnez pas à la débauche, car c’est violer les lois de Dieu. »

« Vous atteindrez à la béatitude suprême, non seulement en vous purifiant vous-même, mais encore en guidant les autres dans la voie qui leur permettra de conquérir la perfection primitive. »

Les pays voisins se remplirent du bruit des prédications d’Issa, et, lorsqu’il entra en Perse, les prêtres prirent peur et interdirent aux habitants de l’écouter.

Mais, lorsqu’ils virent tous les villages l’accueillir avec joie et écouter religieusement ses sermons, ils donnèrent l’ordre de l’arrêter et le firent amener devant le grand prêtre, où il subit l’interrogatoire suivant :

« De quel nouveau Dieu parles-tu ? Ignores-tu, malheureux que tu es, que saint Zoroastre est le seul juste admis à l’honneur de recevoir des relations de l’Être suprême »

« Lequel a ordonné aux anges de rédiger par écrit la parole de Dieu à l’usage de son peuple, lois qu’on a données à Zoroastre dans le paradis. »

« Qui donc es-tu pour oser ici blasphémer notre Dieu et semer le doute dans le cœur des croyants ? »

Et Issa leur dit : « Ce n’est point d’un nouveau dieu que je parle, mais de notre Père céleste qui a existé avant tout commencement et qui sera encore après l’éternelle fin. »,

« C’est de lui que j’ai entretenu le peuple qui, de même qu’un enfant innocent, n’est pas encore en état de comprendre Dieu par la seule force de son intelligence, et de pénétrer sa sublimité divine et spirituelle. »

« Mais, de même qu’un nouveau-né reconnaît dans l’obscurité la mamelle maternelle, de même votre peuple, qu’ont induit en erreur et votre doctrine erronée et vos cérémonies religieuses, a reconnu d’instinct son Père dans le Père dont je suis le prophète. »

« L’Être Éternel dit à votre peuple, par l’intermédiaire de ma bouche : « Vous n’adorerez pas le Soleil, car il n’est qu’une partie du monde que j’ai créé pour l’homme. »

« Le Soleil se lève afin de vous chauffer pendant votre travail ; il se couche afin de vous accorder le repos que j’ai fixé moi-même. »

« Ce n’est qu’à moi, et à moi seul, que vous devez tout ce que vous possédez, tout ce qui se trouve autour de vous, soit au-dessus de vous, soit au-dessous. »

« Mais, firent les prêtres, comment pourrait vivre un peuple selon les règles de la justice, s’il n’avait pas de précepteurs ? »

Alors Issa : « Tant que les peuples, répondit-il, n’ont pas eu de prêtres, la loi naturelle les a gouvernés et ils ont conservé la candeur de leurs âmes. »

« Leurs âmes étaient en Dieu, et pour s’entretenir avec le père, l’on n’avait recours à l’intermédiaire d’aucune idole ou d’aucun animal, ni au feu, ainsi que vous le pratiquez ici. »

« Vous prétendez qu’il faut adorer le Soleil, le génie du Bien et celui du Mal ; eh bien, votre doctrine est détestable, vous dis-je, le soleil n’agissant pas spontanément, mais de par la volonté du Créateur invisible qui lui a donné naissance, »

« Et qui a voulu que cet astre éclairât le jour et chauffât le travail et les semailles de l’homme » ?

« L’Esprit éternel est l’âme de tout ce qu’il y a d’animé ; vous commettez un grand péché, en le fractionnant en l’esprit du Mal et l’esprit du Bien, car il n’est pas de Dieu hormis celui du Bien, »

« Qui, semblable à un père de famille, ne fait que du bien à ses enfants, auxquels il remet toutes leurs fautes s’ils se repentent. »

« Et l’Esprit du mal demeure sur la terre, dans le cœur des hommes qui détournent les enfants de Dieu du droit chemin. »

« C’est pourquoi je vous le dis, redoutez le jour du jugement, car Dieu infligera un châtiment terrible à tous ceux qui auront fait dévier de la vraie route ses enfants et qui les auront remplis de superstitions et de préjugés, »

« Ceux qui ont aveuglé les voyants, transmis la contagion aux bien-portants et enseigné le culte des choses que Dieu a soumises à l’homme pour son propre bien et pour l’aider dans ses travaux»

« Votre doctrine est donc le fruit de vos erreurs, car en désirant approcher de vous le Dieu de la Vérité, vous vous êtes créé de faux dieux. »

Après l’avoir écouté, les mages résolurent de ne point lui faire de mal. La nuit, quand toute la ville reposait, ils le conduisirent en dehors des murs et l’abandonnèrent sur la grand’route, dans l’espérance qu’il ne tarderait pas à être la proie des fauves.

Mais, protégé par le Seigneur notre Dieu, saint Issa continua sa route sans accident.

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