14. Le vagabond

Le vagabond
 

 
 Le vagabond
Dessous les ponts
N’a plus rien que ses souliers
Un chapeau tout râpeux
Et un manteau troué
 
Il a marché
Toute la journée
Ramassé quelques sous
Ou flâner
Vers nulle part
 
Ce vagabond voit les regards
De ceux qui ne le regardent pas
Sauf en baissant les yeux
Devant son air piteux
Le mépris des passants

Il se souvient de son enfant
Et de sa femme tués
Dans un accident
On le lui a dit sans ménagement
En un seul instant

 
Le vagabond, dessous les ponts, n’a plus rien que ses souliers, un chapeau tout râpeux  et un manteau troué.
 
Ce vagabond a un regard si bon
Qu’on dirait le Bon Dieu déguisé en  mendiant
 

Il marche lentement
Au milieu des passants pressés
Qui jamais ne se parlent
Ses paroles sont un baiser
Frais comme la rosée
 
Il erre comme nous errons tous
Dans un monde illusoire
Où l’on se donne une occupation
Une passion en toute humilité
Car on n’est que ce que l’on veut croire
.
Cet homme-là rayonnait, les traits apaisés
Et souvent j’ai remarqué que les plus beaux regards
Et les plus beaux visages sont ceux qui ont plongé dans l’abîme des douleurs
Sans tomber dans le vice ou la violence
Même si le chagrin les a défiguré
Et qu’ils ont lutté
Ils ont vu le monde avec lucidité
Et au fond de moi j’ai la conviction
Que ce vagabond fait beaucoup plus par son coeur
Et par son âme, dans son silence et sa solitude
Que beaucoup de vaniteux qui prêchent
Je ne peux oublier l’éclat du ciel dans son regard bleu
La douceur de sa voix
Il s’est retiré du monde
Comme certains ont dû fuir le monde
Il éprouve les regards et la charité des gens
La charité du coeur qui existe si peu
L’ouverture vers l’autre qui se fie aux apparences
 
Vous seriez bien surpris de savoir que parmi les vagabonds
Chacun a ses secrets
Mais les vagabonds ni buveurs, ni drogués, ni mentalement dérangés
Il y en a  plus qu’on ne le pense
J’en ai rencontré et, je n’ai pas été étonné
D’y rencontrer des gens très cultivés
Qui ont beaucoup à donner par le dialogue
Dans ce monde où les gens ne se parlent rarement avec leur coeur     
Et partagent si peu car ils ont si peur qu’on leur prenne ce qu’ils n’ont même pas… 
L’imagination de ce mal imaginaire défigure aussi et concrétise des choses qui n’existent pas…
 
 
Un jour, par la force des évènements et du destin,                                
J’ai dû tout quitter, abandonnant mon logement mes meubles           
J’ai dû m’enfuir et je suis partie avec cette phrase dans la tête :  
« Soyez comme les oiseaux du ciel qui ne se posent pas mille questions, voyez comme ils sont parés et il ne manque de rien »                         
C’est le Christ qui a dit cette phrase.                                                        
Je n’ai manqué ni du nécessaire ni d’un supplément du superflu, j’ai rencontré des vagabonds, des gitans et toutes sortes de personnes. J’ai rencontré des témoins de Jéhovah en beaux costumes qui venaient me lire la bible, insensibles, indifférents complètement à côté des réalités : il y a tant d’intoxiqués par des mouvements de tout genre et conditionnés par la télé, les modes et qui sont devenus des prisonniers qui se sentent libres et supérieurs à ceux qui ne sont pas de leur corporation, ils n’ont pas la vraie charité du coeur.
L’inconscience d’être ce que l’on est au fond de soi, pas de réflexion, tant de mensonges,
et au milieu de tout de monde, il y a une poignée de personne qui ont gardé un coeur pur : ils suivent la voie royale, le chemin étroit, une vie ascétique qui élève (car l’ascétisme s’exerce de différentes façons).
 
Quoiqu’on ne dise et quelque soient les modes, il est bon de se priver de ce que l’on appelle
« la normalisation pour l’épanouissement de chaque personne selon justement des normes qui ne vous jettent pas dans ce que l’on appelle la marginalisation ».
Etre marginalisée, c’est vivre l’état de « vagabondage » sur le plan du ressenti : c’est très douloureux mais une expérience extrêmement riche.
Néanmoins, l’être humain a ses fragilités car il est fait de chair : il a besoin de repères. 
Les marginaux sont aussi les personnes âgées, seules, qui n’intéressent plus, car elles ne savent plus rien faire dit-on. 
Cependant, là aussi, un jour l’on devient vieux, et si l’on médite ces choses-là, la richesse est d’ouvrir les yeux sur les réalités et non sur l’illusoire.
Comme dit Saint Exupéry : »On ne voit bien qu’avec le coeur ».
 
En nuançant, il est des moments où il faut absolument faire ce que le coeur dit de faire et à d’autres  moments il faut marcher sur son coeur dans le sens « des sentiments ». 
On ne voit bien qu’avec sa conscience du devoir pour moi Saint Exupéry a traduit en un seul mot « conscience profonde du devoir avec probité et discernement » et ce mot c’est le « coeur ».
La meilleure « religion » qui soit,  à mon humble avis, c’est d’accomplir son devoir, prendre ses responsabilités et de ne pas faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas que l’on nous fasse. Mais aussi, par charité pour soi-même, éviter les fréquentations qui nous font du tort, et suivre la « voie de son âme ». 
 L’âme est comme un château où l’esprit voyage comme un oiseau et dans ce château, il y a tout ce qu’il faut y compris des remparts, mais aussi un jardin. 
Ce château-là, il est situé sur une haute colline.  Et comme dans tous les châteaux il y a un trésor. 
Le vagabond voyage avec son âme dépouillé des biens de ce monde.
Le vide en ce monde n’existe pas sauf dans le fait de l’innaccebilité à une autre dimension bien réelle outre la solitude en ce monde.
Pour terminer, je voudrai reprendre la phrase de Gandhi  » Il n’est pire torture de laisser les gens dans la misère physique et morale ».
Je réduis la phrase à un seul mot « L’indifférence ». 

Ceux que l’on juge plus faibles parcequ’ils sont vagabonds, vieux ou meurtris, ou malades ne méritent en aucun cas ni l’indifférence, ni le mépris. 
 
© ColinearCenCiel       


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