15. EN CETTE NUIT DE GRÂCE

Bénédiction en cette nuit de grâce

Où je vis ô présage

Hier, au pieds d’une vierge dorée

Deux immenses ailes blanches

Entourées de trois colombes

Venues boire à la source du rocher

Le plus ancien qui soit en ce pays.

L‘une d’elle, impatiente en ses supplications

Résolut d’obtenir des faveurs

Afin de résoudre quelques peines obturant son bonheur

Elle vit elle aussi les ailes blanches

Immenses, immaculées duvets lumineux sans éblouir les yeux.

Elles s’en retournèrent au nid liées comme les trois ors d’un anneau sur le doigt d’une princesse.

L‘aînée en cette nuit bénie reçu une bénédiction

Ce matin même de l’invisible source où son regard s’excerce

Par effort d’attention de son coeur brisé en deux

Car ouvert à ce si peu connu de ceux qui se disent mortels

Elle reçut la grâce oui, en ce matin même

De revoir l’être de paix qui la quitta

Comme il lui semblait il y a si longtemps

il y a deux fois sept années.

Avec déférence ô Shiram délaissé par sa faute

La plus terrible faute qu’elle commis en ce monde

De son bec, elle avait coupé le lien pour plonger en enfer.

Un enfer qu’il avait tenté de lui faire savoir lui barrant même le chemin qui la menait vers celui qu’elle aimait… et qu’elle épousa

Comme il se doit lorsque l’on aime…

O Maître de paix, il était si beau et si charmant ce prince !

L’illusion de sa phosphorescence si lumineuse

Impossible illusion lui semblait-il par la douceur de ce qu’il fut, elle ne vit pas au delà des apparences une luminosité fallacieuse.

L‘illusion étant si forte

Comme le diable l’emporte aux feux d’un halo insoupçonnablement irisé

Le masque occulte scellé par une force destructrice préméditée

le maître de la subtile perversité sous l’apparence d’un sage méditant, spirituellement, raisonnablement tout semblait si pur

En cette nuit bénie, l’aînée de ces trois colombes

Reçu enfin sa visite spontanée

Le feu de la lutte intérieure sortait en flamme de son bec

Comme un dragon furieux : son regard si doux éteignit la colère de sa rage.

Elle volait si haut dans le ciel azuré

Trouvant toujours de quoi se rassasier

Auparavant, vivant le ciel dans tout l’univers

Se brisa les ailes qu’on lui brisa encore

Aux enfers de ces mondes fallacieux et si bien déguisés

Dans la pénombre des nuits maudites par le sort

Des furieux et injurieux, rapaces et bestioles vénimeuses

Où tremblante par la peur des douleurs infligées

Elle lutta d’une lutte harassante : un seigneur lui donna une épée gigantesque à la place de son bec ! Ah, l’humiliation du « paraître ridicule »…

Toutes ses plumes étaient devenues ternes et sa chair souffrait le marthyr de ses ailes arrachées tandis que des épines la brûlaient et qu’elle fut guettée pour lui donner la mort dont elle fut sauvée du rayon qui la reliait à l’invisible force. Au point de sembler délirer aux yeux du monde, toutes les humiliations et tortures ne lui furent point épargnées ainsi qu’aux deux autres petites colombes.

Si affaiblie, elle ne pouvait plus voler vers le ciel tout azuré

De son ciel, son territoire, elle fut séparée en proie à des guerres sans merci, impitoyable  à perdre la raison.

Pour ses mérites, elle fut cependant gardée intacte dans son âme : tout était extérieur dans les supplices infligés même si son coeur brisé permettait à la lumière d’y entrer, elle eut soif et faim des graines qu’on lui soustrayait.

En cette nuit bénie, sachant la remontée au purgatoire, il lui fallait goûter le ciel, retrouver son territoire

Jamais abandonnée, par le grand Aimé, il lui partagea les épines qui l’avaient brûlées et la disloquaient, même si peu à peu il lui ôtait : l’histoire est si simple pourtant de ce que l’on appelle « être chassé de l’Eden  par le simple désir de mener ce que l’on appelle une vie normale et sans histoire »

Il lui fallait accomplir un destin de sacrifices car la vie est une lutte, et pour elle, il semblait qu’il était  plus demandé à celui qui a le plus reçu.

En cette nuit bénie, la porte du Ciel lui fut ouverte

Pour une longue durée celle qui la mènera vers ses quatre vingt et quelques années.  Ciel azuré, chute aux flammes des enfers, purgatoire pour purger les mensonges mais pas les siens, sauf une seule faute : qu’elle garde secret et dont personne ne comprendrait la portée car cette colombe ne pouvait se séparer du ciel azuré que par le choix de son âme, les apparences sont si trompeuses.

Ah , si hermétique que soient toutes ces paroles de cette nuit bénie, ce céleste ami est revenu après deux fois sept ans.

Elles pourront retourner au pays de l’azur du ciel car, les colombes sont faites pour voler avec leurs ailes blanches en toute liberté.

Il avait accepté de partir, chassé comme il le fut. Un seigneur prit le relai de cet être céleste : il sauva les trois colombes de la cage des hommes.

©ColinearCenCiel, 18 août 2007

 L’histoire  de trois colombes

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