Swami Vivekananda, en sanskrit viveka veut dire « discernement » et ananda « béatitude »), né le 12 janvier 1863 à Calcutta et mort le 4 juillet 1902 à Bemir Math au Bengale occidental Belur (Inde).
Philosophe et maître spirituel qui a fait connaître l’hindouisme à l’Occident et inspira également le mouvement de l’Indépendance de l’Inde.
Il fut l’un des principaux disciples de Râmakrishna.
Connu aussi sous son nom de naissance de Narendranath Dutta, il est issu d’une famille aisée. Son père était juriste mais aussi philosophe. Sa mère, très imprégnée de spiritualité, lui fait connaître très tôt les textes sacrés de l’Inde.
Il est un très brillant élève, puis un étudiant remarquable. La question de Dieu est sa principale préoccupation. Il adhère à la « Société de Dieu » où des intellectuels discutent de l’avenir des religions et de la réforme de l’hindouisme.
À 17 ans, il rencontre une première fois son futur guru Râmakrishna.
Il entre en 1884 à la loge maçonnique Anchor and Hope no 1 de Calcutta, de la Grande Loge de l’Inde.
En 1886, Vivekananda devient Samnyaâsin (renonçant) dans l’ashram de Râmakrishna.
Râmakrishna le désigne comme son successeur quelque temps avant de mourir, lors d’une longue rencontre, au cours de laquelle tous deux auraient vécu une extase.
Après la mort de Râmakrishna, en août 1886, il prend la direction de l’ashram. Le 25 décembre 1887, dans la nuit de Noël, il fonde « L’ordre de Râmakrishna » marquant par là sa parenté avec la religion chrétienne.
Il fait ensuite plusieurs voyages en Inde, durant lesquels ses seules possessions sont un karmandalu (pot à eau) et deux ouvrages favoris : la Bhagavad-Gîta et L’Imitation de Jésus-Christ.
En 1893, avec l’aide financière d’un de ses disciples, il se rend à Chicago à l’occasion de l’Exposition universelle. Il interviendra à plusieurs reprises lors du Parlement des religions et son impact sera considérable. Lors de son discours d’introduction sur l’hindouisme le 11 septembre 1893,le public composé de 7.000 personnes fait une ovation debout de deux minutes. Dès lors, il tient des conférences et de nombreux disciples aux Etats-Unis le rejoignent.En novembre 1895, il rencontre Margaret Elizabeth Noble, une Irlandaise qui deviendra plus tard une disciple proche à qui il donnera le nom de Soeur Nivedita (Celle qui est consacrée à Dieu) . En 1896, il publie le livre Raja Yoga (en), son interprétation du Yoga sûtra de Patanjali adaptée aux occidentaux, qui sera un succès et peut être considéré, selon Elizabeth De Michelis, comme l’origine du yoga moderne (en).
Il fait un tour du monde pour diffuser l’enseignement de Râmakrishna. Son retour en Inde en 1897 est célébré et suivi de la fondation la «Râmakrishna Mission» qui sera ensuite diffusée dans divers pays. Il retourne en Occident en 1899.
La biographie de Nikhilananda décrit comment Vivekananda n’avait éprouvé aucun mauvais ressentiment à être pris pour un Noir par les américains. Il lui arrivait souvent lors de ses voyages dans les états du sud-ouest américain, de se voir refuser l’entrée dans un hôtel, un restaurant ou chez un coiffeur à cause de la couleur sombre de sa peau.Alors que le Swami racontait ces anecdotes à l’un de ses disciples occidentaux, ce dernier lui demanda pourquoi il ne leur répondait pas tout simplement qu’il n’était pas Noir mais Hindou, Vivekananda rétorqua, indigné, « Comment ? M’élever aux dépens d’un autre ? Je ne suis pas venu sur Terre pour cela ! ».
En 1900, il connaît quelques problèmes de santé. Il œuvre alors pour les plus démunis. Il meurt à l’âge de trente-neuf ans le 4 juillet 1902.Une de ses disciples les plus attachés est la mystique allemande Christina Greenstidel, (1866-1930) plus connue comme Soeur Christine.
L’impact de l’introduction en Occident du Védanta par Vivekananda a été considérable. Faite essentiellement de conférences, causeries, entretiens, son œuvre a été transmise par un fidèle disciple anglais qui prenait les notes en sténo. Elle a été diffusée au public français par le biais de Romain Rolland, qui a publié un ouvrage remarqué sur La vie de Vivekananda et l’Évangile universel ; et par Jean Herbert, qui a fait des traductions et a édité plusieurs de ses ouvrages.
Elle est transmise depuis 1948 au Centre védantique Ramakrishna en région parisienne, affilié à la Mission Ramakrishna qu’il a créé en Inde.
L’œuvre de Vivekananda est importante compte tenu de la brièveté de sa vie. Elle est restée très fidèle à l’enseignement de Râmakrishna : synthèse religieuse et philosophique. Elle a influencé de nombreux penseurs, dont le Mahatma Gandhi.
Certains aspects de la pensée de Vivekananda sont perçus comme traditionnels, d’autres comme très modernes.Si Vivekananda plaçait l’Advaïta védanta au sommet de la hiérarchie spirituelle, il se démarqua nettement de ce qu’il voyait comme illusionnisme cosmique et quietisme fataliste.
Vivekananda voulait changer le monde et pas seulement se libérer individuellement. À sa manière, il est perçu par certains comme un révolutionnaire, précurseur direct de Aurobindo Ghose. Vivekananda ne croit pas du tout que le védanta contredise la science de son temps.
Pour lui, le yoga est une science de l’esprit qui complète ce que l’occident apporte sur le plan des sciences physiques. Cette science de l’esprit n’a pas pour but la fuite du monde. Elle permet, comme la physique, d’accroître le pouvoir de l’homme sur l’Univers. C’est pourquoi, il n’est pas question de rejeter le Karma yoga au seul profit du jnana yoga. La connaissance sans l’action est stérile et l’action sans la connaissance est aveugle et fruste. Quant au Bhakti yoga, il reconnaît que l’amour est la plus haute forme de connaissance, lorsque l’objet et le sujet de la connaissance ne font plus qu’un.
Sa conception spirituelle lui faisait rejeter toutes superstitions et soumissions à des divinités chimériques. Il considérait le système de castes en Inde comme une coutume sociale opposée aux principes du védanta.Il s’élevait également contre le sectarisme, le fanatisme qui enferment l’homme dans une étroite prison mentale au lieu de l’universaliser.
Selon lui, les grandes religions ne sont pas destinées à disparaître. Mais, comme il y a plusieurs types spirituels, il y aurait plusieurs religions qui correspondent à chacun de ces types. Plus une religion est universelle, plus elle se particularise en fonction du besoin de chaque personne.
En 1970, un mémorial est construit en son hommage sur un petit îlot rocheux en face de la ville de Kânyâkumârî.Rabindranath Tagore aurait dit : « Si vous voulez connaître l’Inde, étudiez Vivekananda. Chez lui tout est positif. »
Pour Michel Hulin, on trouve chez Vivekananda « une séduisante alliance de la tradition et de la modernité, mais aussi un mélange explosif de mysticisme et de scientificité ».René Guénon a critiqué ce qu’il appelle « le védanta occidentalisé » et a écrit au sujet de l’enseignement de Vivekananda : « (…) Le védanta est devenu là ce que Schopenhauer avait cru y voir, une religion sentimentale et « consolante », avec une forte dose de « moralisme » protestant ; et, sous cette forme déchue, il se rapproche étrangement du «théosophisme », pour lequel il est plutôt un allié naturel qu’un rival ou un concurrent. (…)
Sorti de cette bizarre invention américaine, d’inspiration bien protestante aussi, qui s’intitula le «Parlement des religions », et d’autant mieux adapté à l’Occident qu’il était plus profondément dénaturé, ce soi-disant védanta, qui n’a pour ainsi dire plus rien de commun avec la doctrine métaphysique pour laquelle il veut se faire passer, ne mérite certes pas qu’on s’y arrête davantage ».
Guy Bugault dans L’Inde pense-t-elle ? voit en Vivekananda un « brillant universitaire » relayant le discours et la mission de son maître Râmakrishna à l’étranger. Mais il pense aussi que Vivekananda pécha sa vie durant par orgueil et qu’il fut un « faux jñânin » : il ne fut pas un saint à l’égal de son maître.
Pour Jean Herbert « Dans l’immense majorité des conceptions yoguiques antérieures à Swami Vivekananda, la préoccupation centrale était d’accélérer l’émancipation individuelle du yogin, et celui-ci ne se préoccupait nullement d’influer sur le sort ou l’évolution de l’humanité. (…) Swami Vivekananda se montra fidèle disciple de son maître lorsqu’il entreprit la double tâche de relever les conditions matérielles de l’Inde et de jeter en Occident des ferments de haute spiritualité »******************************************
Outre ces critiques flatteuses ou non flatteuses, remarquons que Swami Vivekananda affirma, avec de nombreuses preuves historiques, que le Christ Jésus passa en Indes une majorité de sa vie dite « cachée » c’est-à-dire entre l’âge de 14 ans et l’âge de 30 ans ou Issa réapparu en Israël pour commencer sa mission de trois années.
Suite à l’article 96.2.