
Né le 22 octobre 1873 dans une famille très pauvre d’un village reculé, Murariwala (Pendjab), aujourd’hui au Pakistan, Swami Rama Tirtha, auparavant connu sous le nom de Tirtha Rama, a vécu une vie de 33 ans sur ce plan phénoménal comme un éclair éblouissant, répandant la gloire de la Vérité, la Non-dualité, à tel point qu’il a pu affirmer : Rama ne fait que Rama, rien de plus, rien de moins.
Bravant une pauvreté extrême, manquant même des repas pendant des jours et vivant avec trois paise par jour, il a continué ses études, sans se laisser décourager ni se décourager, pour maintenir sa tradition d’obtenir la meilleure position jusqu’à son dernier examen de maîtrise. Rejetant toutes les attractions du monde, il a choisi d’être un Sanyasin et a vécu comme le Vedanta incarné.
Enivré par la gloire de la Réalisation du Soi, Ila voyagea aux quatre coins du monde sans jamais garder un seul centime avec lui et enchanta les peuples du Japon, des États-Unis, d’Égypte et d’autres nations, non pas tant par son savoir que par son sentiment et son émotion d’unité avec eux. Son unité avec le Tout était son trait de caractère qui prévalait tout au long de sa vie.
Tout l’être de Rama est plongé dans « OM » : Omnipotent, Omniprésent, Omniscient, rien sans lui ni au-delà. Toute la lutte, pleine de tribulations, à laquelle Rama a dû faire face, a fait surgir en lui la Réalité et c’était sa joie de voyager pieds nus sur les sommets enneigés de l’Himalaya ou de vivre dans des grottes habitées par des animaux féroces, dont des tigres et des serpents.
Rama a accompli beaucoup de choses en si peu de temps, soit 33 ans, comme l’ont fait Adi Shankaracharya, le Christ, Sant Gyaneshwar ou Swami Vivekanand, pour n’en citer que quelques-uns. Il ne peut y avoir de comparaison, ce qui serait futile.
Tous sont Rama, OM
source :
Bhagwat Swarup,
chérie. Secrétaire
Swami Rama Tirtha Pratisthan
Swami Rama Tirtha Rama Tirtha est né en 1873 aux Indes sous la domination anglaise, dans ce qui est à présent le Pakistan ; il est mort en 1906, à l’âge de 33 ans.
À quinze ans, Rama est admis avec succès à l’université à Lahore : au « Forman Christian College », université chrétienne, puis au « Government College ». Outre l’anglais, la langue de ses études, il approfondit le persan, savait écrire en hindi et en ourdou, apprit le sanskrit, et surtout excellait en mathématiques. Il alla jusqu’au diplôme de « Master’s Degree » en mathématiques, Bac + 6 de nos jours, exploit rare à l’époque pour un Indien. À l’épreuve de mathématiques il fallait résoudre 8 problèmes parmi 16 proposés ; Rama Tirtha les résolut tous les 16 et proposa à l’examinateur d’en choisir 8 à sa guise…
Durant toutes ces années, son mentor Bhakta Danna l’aidait de son mieux, mais Rama Tirtha vivait dans la misère et ne mangeait pas à sa faim. Il réduisait sa nourriture pour acheter de l’huile pour sa lampe, pour travailler la nuit… Malgré cela, il développait sa vigueur et son endurance par des exercices physiques opiniâtres. De caractère très doux et très bon, il ne montrait jamais d’humeur.
En 1897 on lui proposa de devenir professeur d’université, à 23 ans. Il préféra un simple poste d’assistant, pour pouvoir consacrer davantage de temps à sa quête spirituelle. Il touchait un salaire décent qu’il utilisait pour aider des étudiants pauvres et recevoir chez lui les habitants de son village natal, qui abusaient de sa bonté et de son hospitalité. Il composait des poèmes depuis son plus jeune âge, tirant son inspiration des poètes soufis en ourdou et en persan. Il aimait parcourir la nature, méditant sur le Yoga Vasistha et la Bhagavad Gita, textes sacrés de la tradition indienne. Il connaissait aussi bien les œuvres de poètes célèbres anglais comme Shakespeare, Milton, que ceux de Bhartrihari, Kalidasa [sanskrit], Nizami, Saa’di, Hafez [persan].
À cet âge de 23 ans, cela faisait déjà des années que Rama Tirtha donnait des conférences en public et organisait des séances de méditation dans des édifices publics à Lahore et ailleurs. Nombreux ont témoigné de sa capacité, à un âge aussi précoce, à harmoniser les esprits d’un groupe de méditants par le simple énoncé d’un « OM ».
Il était familier de congrégations spirituelles hindouistes comme le Santana Dharma et l’ordre de Shankaracharya, et rencontra Swami Vivekananda, dont il organisa les conférences à Lahore. À cette époque, au plus profond de la domination coloniale anglaise et de la crise de la culture indienne, l’élite de la nation craignait que l’hindouisme ne disparaisse complètement. Il fallait que les Indiens se réveillent.
Swami Vivekananda était devenu mondialement célèbre en un éclair lors de sa participation au parlement mondial des religions, à Chicago en 1893. Vivekananda était un formidable orateur qui fascinait ses auditoires en parlant du Vedanta. Cette rencontre fut fondamentale. Rama Tirtha se décida alors pour de bon à devenir moine errant pour prêcher la non-dualité [Advaita Vedanta] avec sa joie inspirée, sa grâce et sa douceur. En 1898, à 25 ans, il se sentait de plus en plus attiré par le renoncement. Il fréquenta les saints qui vivaient dans le haut-Gange à Haridwar et Rishikesh. Il alla vivre dans la forêt de Tapovan, seul, nu, déterminé à atteindre l’illumination ou à y mourir. Il atteint l’éveil. Il revint ensuite à son « Forman Christian College » pour enseigner les mathématiques. Dans cette université chrétienne, il mêlait des enseignements des Upanishads dans ses cours de mathématiques. Scandale ! Il dut partir pour le « Government College » de Lahore…
L’année suivante, en 1899, il fit un pèlerinage au Cachemire, dans les neiges éternelles, vêtu d’un simple dhoti, emportant néanmoins les Upanishads et composant des poèmes…
De 1900 à 1904, il alterna des périodes de vie publique et de retraite. En 1900, à 27 ans, il abandonna toutes ses charges profanes et renonça à toute vie de famille. Revêtu de la robe orange du sanyasin [le renonçant], il partit pour l’Himalaya vers les sources du Gange. Il passa l’hiver dans la solitude glacée. Il s’approcha du mont Sumeru par une tempête de neige, vêtu d’un simple pagne.
Il fit publier à Lahore une revue, Alif [première lettre de l’alphabet arabe, symbole de l’Unique, du retour à l’origine], où il exposait les principes et la pratique d’un Vedanta pour un large public. Il écrivait continuellement des articles, même depuis ses retraites en Himalaya. En 1901, il fit 800 km en Himalaya, malgré sa mauvaise santé, poussé par une énergie spirituelle prodigieuse. Il pouvait traverser à la nage le Gange impétueux.
À l’été 1902, poussé par de bons amis, il partit sans un sou vaillant pour le Japon puis pour les États-Unis, où il mena deux ans durant une existence simple et frugale, sans argent. Il donnait de nombreuses conférences sur la spiritualité et le Vedanta. Il étonnait et subjuguait ses nombreux admirateurs, les journaux faisaient l’éloge de sa qualité d’être. Nombre de ses conférences furent transcrites et publiées. Il gagna une course de cross-country de 48 km et escalada le mont Shasta à plus de 4300 m. Il rencontra même le président Théodore Roosevelt. De retour en Inde en 1904, il reprit ses conférences, menant la même vie dépouillée, participant à sa manière au réveil national Indien.
Mais de nouveau l’appel de l’Himalaya fut plus fort que son rôle d’éveilleur social.
En 1906, ayant abandonné la robe orange qu’il jugeait trop ostentatoire, il remonta dans l’Himalaya au lieu dit « l’Ashram de Vasistha », à 3600 m d’altitude, paysage enchanteur de neiges éternelles. Il vivait dans une minuscule cahute, l’esprit en extase, recevant de rares visites, composant ses poèmes, sous des averses de mousson continuelles. Un jeune homme faisait chaque jour 16 km aller-retour pour lui faire la cuisine. Il mangeait peu, sa santé se détériorait de plus en plus. Le jour de la fête de Diwali [les lumières] il se baigna dans le Gange. Il fut emporté par un tourbillon, cria à son ami cuisinier de ne pas s’inquiéter, puis s’abandonna sereinement. Il avait exactement 33 ans… 8 jours plus tard on retrouva son corps dans le Gange, intact, figé en parfaite position du lotus.
Rama Tirtha n’était pas un Guru et ne désirait pas prendre de disciples. D’une grande culture scientifique, littéraire, philosophique et spirituelle, il appréciait aussi bien les textes dévotionnels indiens que les poètes mystiques des soufis.
Rama Tirtha a réussi à intégrer la non-dualité aux moindres détails de son existence. C’était un prédicateur ambulant en langues populaires. Plutôt que les approches érudites et intellectuelles, il préférait transmettre un vedanta pratique et simple, dépouillé de tout sens de l’ego, menant une vie pure et bienveillante. Il se sentait le plus heureux dans ses randonnées solitaires dans l’Himalaya, le plus souvent en état d’extase, composant ses poèmes.
« Le nom de Swami Rama est de ceux que j’ai appris à honorer quand j’habitais au Pendjab… à maintes reprises j’ai vu des visages s’éclairer à la seule mention de son nom et des hommes m’ont dit tout ce qu’ils lui doivent.Il y a une simplicité enfantine dans ce qu’il écrit et une joie et un bonheur débordants, fruits d’un gros travail sur soi et de grandes souffrances, ce qui révèle une âme parvenue à la paix intérieure qui a découvert un inestimable trésor qu’elle souhaite partager avec autrui. »
Source : Révérend C.F. Andrews, philanthrope anglais associé au Mahatma Gandhi