12. La légende de Khan Khalkha Abataï. Le Monastère d’Erdene Zuu

Temple du monastère d’ERDENNE KUU (Photo de l’utilisateur Doron)

Au XVIème siècle, le khan khalkha Abataï avait acquis au Tibet la statue de Mahakala. Il franchissait le Col pour rapporter la statue dans son pays et malheureusement, celle-ci tomba par terre. Personne ne fut capable de la soulever pour la remettre en place. Le khan très énervé et furieux coupa la statue en deux et prononça des paroles : »Que les jambes indésirables restent, que le corps désirable vienne », et il en résulta que ne fut emmené que le tronc qui est maintenant révéré au monastère de Khalkha d’Erdeni-Ju.

Voici, une statue de Mahakala dans le monastère d’Erdenne Zuu photo de  Marcin Konsek  chez  Wikimedia Commons

Stupa doré du monastère d’Erdene Zuu photo de  Marcin Konsek  chez  Wikimedia Commons

La Mongolie appellé le Pays du Ciel bleu : voici un beau document décrivant les paysages et le monastère d’Erdene Kuu

https://youtu.be/JAa9WxCv1vg

Aujourd’hui il s’appelle :  

Le Monastère d’Erdene Zuu

Le monastère Erdene Zuu (en mongol :  Эрдэнэ Зуу хийд , en chinois : 顯 寺, en tibétain : གྲུབ་ བདེ་ ཆེན་ གླིང་) est probablement le plus ancien monastère bouddhiste survivant en Mongolie.  Situé dans la province d’Övörkhangai,  à environ 2 km au nord-est du centre de Kharkhorin  et à proximité de l’ancienne ville de Karakorum,  il fait partie du site du patrimoine mondial du paysage culturel de la vallée de l’Orkhon. 

Monastère bouddhiste tibétain datant de 1585, reconstruit au XVIIIe s., puis partiellement détruit en 1939.

Le monastère est affilié à la secte Gelug du bouddhisme tibétain. Abtai Sain Khan, souverain des Mongols Khalkha et grand-père de Zanabazar, le premier Jebtsundamba Khutuktu, ordonna la construction du monastère d’Erdenne Zuu en 1585 après ssa rencontre avec le Daïla Lama et la déclaration du bouddhisme tibétain en tant que religion d’Etat de Mongolie.

Des pierre des ruines voisines de l’ancienne capitale mongole de Karakorum ont été utilisée pour sa construction. Les planificateurs ont tenté de créer un mur d’enceinte ressemblant à un chapelet bouddhiste tibétain avec 108 stupa (le chiffre 108 est un nombre sacré dans le bouddhisme) mais cete objectif n’a probablement jamais été atteint. Les murs du temple du monastère ont été peints et le toit de style chinois couvert de tuiles vertes.

Bâtiments du monastère où l’on aperçoit bien les belles tuiles vertes. 

Photo By Jocelyn Saurini from Las Vegas, USA – mongolia08-308, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=24340628

Le monastère a été endommagé en 1688 lors d’une des nombreuses guerres entre Duzungars et Khalkha Mongols.

 Les habitants ont démantelé les fortifications en bois du monastère abandonné.  Il a été reconstruit au 18ème siècle et en 1872, il comptait 62 temples et abritait jusqu’à 1000 moines.

Selon la tradition, en 1745, un disciple bouddhiste local, Bunia, tenta à plusieurs reprises de voler avec un appareil qu’il avait inventé, semblable au parachute ! 

En 1939, le dirigeant communiste Khorloogiin Choibalsan ordonna la destruction du monastère dans le cadre d’une purge  qui avait anéanti des centaines de monastères en Mongolie et tué plus de dix mille moines.  

Trois petits temples et le mur extérieur avec les stupas ont survécu à l’assaut initial et en 1944, Joseph Staline a fait pression  sur Choibalsan pour qu’il maintienne le monastère (avec le monastère Gandantegchinlen à Oulan-Bator  comme pièce maîtresse pour les visiteurs internationaux, tels que le vice-président américain Président Henry Wallace,  pour prouver que le régime communiste permettait la liberté de religion. 

 En 1947, les temples ont été convertis en musées et, pendant les quatre décennies qui ont suivi, le monastère de Gandantegchinlen Khiid est devenu le seul monastère en activité de la Mongolie.

Après la chute du communisme en Mongolie en 1990, le monastère a été confié aux lamas et Erdene Zuu est redevenu un lieu de culte. Aujourd’hui, Erdene Zuu reste un monastère bouddhiste actif ainsi qu’un musée ouvert aux touristes.

Monastère de Gandantegchinlin

Tel est le nom exact de ce monastère aujourd’hui.

Le monastère de Gandantegchinlin  (en tibétain :  དགའ་ལྡན་ཐེག་ཆེན་གླིང, dga’-ldan theg chen ;gling), anciennement connu sous le nom de monastère de Gandan, est un monastère bouddhiste de style tibétain situé à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie. 

Son nom d’origine tibétaine peut être traduit par « la Grande Place de la Joie complète ». On dénombre actuellement plusieurs centaines de moines qui y résident. Restauré et revivifié à partir des années 1990, où il y eut une prise de conscience générale de la beauté et de la profondeur de la Culture spirituelle du bouddhisme tibétain,  il contient une statue de Megjid-Janraiseg, le bodhisattva Avalokiteshvara de 26,5 mètres de haut (82 pieds). En  1994, il est placé sous le contrôle de l’État mongol.

Voici cette magnifique statue d’Avalokiteshvara

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Construit en 1809,  sous le nom de Shar sum (littéralement : « le monastère Jaune ») par le 5e Javzandamba,  alors plus haut lama dans la hiérarchie du clergé mongol, il prit son nom actuel en 1838. Il devient dès lors le principal centre d’enseignement bouddhique en Mongolie. 

En 1904, le 13ème Dalaï-lama résida dans l’un des temples de ce monastère.

Dans les années 1930,  le régime communiste de Mongolie, sous la direction d’Horloogiyn Coybalsan  et la pression insistante de Staline,  détruit plus de 700 monastères et fait massacrer plus de 10 000 moines bouddhistes. Toutefois, le monastère de Gandantegchinlin échappa à la destruction. Il est fermé en 1938 mais ouvre à nouveau en 1944 et  est autorisé à continuer à fonctionner comme monastère bouddhique, en effectif réduit, et prend le nom de monastère de Gandan (ou Ganden) en hommage à la religion et la culture mongoles traditionnelles.La chute du régime communiste en Mongolie en 1990  voit la fin des restrictions du culte.

 Monastère de Gandantegchinlin, 1913 et ci-dessous actuellement

Image associée

La statue originelle, faite de cuivre, avait été érigée en 1911,  grâce à des emprunts auprès de la population mongole dans le but de faire recouvrer la vue au bogdo javzandamba (8ème jebtsündamba), également connu comme bogdo khan  et qui avait pris le titre d’empereur de Mongolie. La fabrication de la statue avait été menée à bien par Chin Wan Khanddorj, principal ministre du bogdo javzandamba. Les troupes soviétiques  démantelèrent la statue en 1937 (les débris de la statue auraient par la suite servi à confectionner des balles lors du siège de Léningrad). À la suite de la chute des régimes communistes, la statue de Megjid-Janraiseg fut reconstruite en 1996  grâce à des dons d’or venus du Népal et du Japon.  Ornée d’or et de près de 2 286 pierres précieuses, la statue pèse plus de 20 tonnes et est recouverte de près de 100 kg de vêtements de soie.  

Le 23 novembre 2016 lors d’une visite en Mongolie à l’invitation du monastère, le 14ème dalaï-lama  a annoncé sa conviction que le 9ème Jebtsundamba Khutughtu   a repris naissance en Mongolie et qu’un processus pour identifier le 10e a commencé.

Notes :

Les Bogd Javzandamba khutagt (mongol : ᠪᠣᠭᠳᠠ
ᠵᠢᠪᠵᠤᠨᠳᠠᠮᠪᠠ
ᠬᠤᠲᠤᠭᠲᠤ parfois orthographié Bogdo Gegen constituent une lignée de tulkou.  Ce sont les hiérarques de la lignée gelugpa du bouddhisme tibétain en Mongolie Extérieure, puis Mongolie. 

 Il est du même rang que le Changkya Khutukhtu . 

Ils sont considérés comme la réincarnation du lama et lettré Taranatha, chef de l’école jonang  absorbée par les gelugpa après sa mort.

Tulkou : Un tülkou ou tulkou, contraction de tulpekou, parfois appelé à tort bouddha vivant, est, dans le bouddhisme tibétain, une personnalité religieuse (lama en général) reconnue comme réincarnation d’un maître ou d’un lama disparu.

Zaluu Bogd Khaan (Залуу богд хаан), 8e Jebtsundamba Khutuktu, jeune  (1869 — 1924)

Taranatha a fini ses jours chez les Mongols khalkhas, c’est donc chez le fils de leurs princes que l’on découvre sa première réincarnation, en la personne du fils âgé de trois ans de Gombodorjo (1594-1655), petit-fils d’Abdaï Khan.  Né en 1635 et mort en 1723, il est le premier Jebtsun Damba (Jetsun étant un des noms de Taranatha), également connu sous le titre de Bogdo Zanabazar. Il prononce ses premiers vœux à l’âge de quatre ans et prend le nom tibétain de Yeshé Dorje (Jñanavajra en sanskrit), Zanabazar  est une prononciation mongole de ce nom « Vajra de Connaissance ». Ses incarnations successives sont appelées Jebtsundamba-khutukhtu.

Zanabazar se rend au Tibet à l’âge de 14 ans, entre 1649 et 1651, et reçoit une éducation tibéto-mongole. Il est nommé par le 5ème dalaï-lama, Bogdo Gegen, « pontife éclairé », l’un des trois titres importants pour les bouddhistes mongols avec celui de dalaï-lama et de panchen lama. Extrêmement brillant, il est à la fois sculpteur, peintre, architecte et traducteur, et invente même une écriture phonétique du mongol, du tibétain et du sanskrit. À l’âge de 17 ans (ou seulement de 13 ans, d’après certaines sources), il fonde le monastère de Da Khüriye (et/ou le Monastère de Shankh) , qui devient à partir de 1778  et après plusieurs déplacements le noyau de la future Urga (aujourd’hui Oulan-Bator). Il meurt en 1723, peu après un séjour de 10 ans en Chine. 

À partir de la troisième réincarnation, les Mandchoux de la dynastie Qing interdirent de les choisir parmi les princes mongols, et les suivants furent donc tous tibétains. Bien qu’ils soient à partir de cette époque d’origine tibétaine, les Mongols continuèrent de les vénérer et de les considérer comme les chefs de la hiérarchie bouddhiste en Mongolie.  

Quand la Mongolie déclara son indépendance de la Chine, lors de la chute de la dynastie Qing et la révolution chinoise de 1911,  le pouvoir met en place une théocratie  dirigée par le Bogdo Khan, 8ème Jebtsundamba Khutukhtu (1869-1924)  Bogdo Gegen, sous le nom de Mongolie autonome  (ou Empire de Mongolie du Bogdo. Le Bogdo Gegen dirige avec le titre de Bogdo Khan jusqu’à sa mort.

En 1921, les Mongols communistes aidés par les communistes russes, chassent l’armée blanche russe et les factions impérialistes mandchoues soutenus par les japonais,  ils conservent alors Bodgo Khan comme chef de gouvernement jusqu’à sa mort. À la fondation de la République populaire mongole, en 1924 est établi qu’il ne devrait plus y avoir d’autre réincarnation.

Toutefois, le Jebtsundamba suivant, Jampal Namdol Chokye Gyaltsen , identifié à l’âge de 4 ans, est né à Lhassa, au Tibet. En 1959, il s’est enfui en Inde à Dharamsala où il vit en exil. Le 14ème Dalaï-lama l’a nommé représentant de la tradition Jonang. 

Le bouddhisme mongol est une forme de bouddhisme tibétain particulièrement lié aux Gelug et à leur chef temporel le dalaï-lama. Après que Gengis Khan (1167-1227) eut entrepris de conquérir l’Asie, les Mongols arrivèrent aux frontières tibétaines. Au XVIème siècle,  lors d’un siège, deux moines de l’« École des vertueux » (Gelugpa) furent fait prisonniers par une tribu mongole. Le prince Altan Khan,   qui régnait alors sur les Mongols, fut séduit par leur attitude et par leur religion. Il invita par deux fois en Mongolie (1569, 1578) le chef de l’École Gelugpa, Sonam Gyatso, et se convertit au bouddhisme durant la seconde visite. Les nations mongoles orientales devinrent par la suite bouddhiste. Altan Khan  créa et offrit le titre de dalaï-lama (« Océan de sagesse ») à Sonam Gyatso, chef de l’École Gelugpa, titre qui fut appliqué rétroactivement à ses deux précédentes incarnations.

La vénération dont le 14e dalaï-lama jouit dans la population mongole fut mise en évidence lors de ses cinq visites à Oulan-Bator.  Lors de la première visite du Tenzin Gyatso en septembre 1991, 700 000 personnes avaient convergé vers la ville pour l’accueillir. La dernière visite du dalaï-lama en Mongolie remonte à août 2006. Il a déclaré : « Il y a longtemps, la Mongolie était comme le Tibet, les habitants de nos deux pays étaient des barbares. Mais à force d’éducation et d’apprentissage, nous sommes devenus les pays que nous sommes aujourd’hui. » Les relations entre le Tibet et la Mongolie sont en effet anciennes. La venue du Prix Nobel de la paix 1989 couronne une année de célébration pour la Mongolie, qui a fêté, en juillet 2006, les 800 ans de la création par Gengis Khan de l’État mongol. Dans les traces de ses prédécesseurs, le 14e dalaï-lama a donné une conférence dans la capitale mongole devant 10 000 personnes, au cours de laquelle il a notamment déclaré que « l’héritage bouddhiste du Tibet a aidé son peuple au cours des hauts et des bas de son histoire ».

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